Ici, à Valigny
On parlera dans cette exposition surtout des gens, de leur vie, de leur mort parfois. Et donc finalement peu des batailles, des fronts, des offensives. La liste des noms gravés sur le monument aux morts n’est que la partie émergée d’un iceberg de souffrances : des fratries brisées, un beau-frère qui ne reviendra pas, un père et un fils sous le même uniforme, des hameaux durement touchés…
La Grande Guerre fut longue
À Valigny, la guerre ne s’est pas arrêtée le 11 novembre 1918, savez-vous ? La démobilisation n’est effective que début 1919, le monument aux morts est inauguré en 1920, les dépouilles des martyrs ne reviennent qu’en 1921… Et l’enterrement du fils de l’instituteur, décédé de ses blessures de guerre en 1922, émeut la commune. Nous pourrions encore aller plus loin, avec les souffrances des chairs : en 1924, 21 valignois sont déclarés blessés de guerre.
Combien sont-ils ?
Combien de valignois ont-ils été entraînés, blessés, tués dans cette folie mondiale ? Nés ici, ou venus en nos murs au gré d’un métayage, l’envie de les compter est forte, avec la crainte d’en oublier entre les pages d’un registre.
Nous ne sommes certainement pas exhaustifs dans nos recherches : d’une famille à l’autre, les souvenirs n’ont pas la même précision, les photos et livrets militaires ont parfois été égarés. Et nous espérons bien apprendre encore anecdotes, grands et petits événements du Valigny de la Grande Guerre durant cette exposition.
En mettant bout à bout ces petits morceaux d’histoire, nous espérons dessiner ici l’environnement familial du « soldat anonyme » de Valigny, parent avec tous, regretté de tous.
Des chansons…
On trouvera aussi, entre les photographies, arbres généalogiques, documents et objets… des chansons. Fragiles feuilles portant les mots d’hier, expression de l’envie de revanche, du patriotisme, de l’humour troupier, du désespoir et de la révolte, elles racontent elles aussi ces années de combat et de souffrance.
Et en France, tout finit par des chansons, non ?
C’était pour partir à la guerre
C’était pour finir à la guerre
Aux ordres de quelque sabreur
Qui exigeait du bout des lèvres
Qu’ils aillent ouvrir au champ d’horreur
Leurs vingt ans qui n’avaient pu naître
Et ils mouraient à pleine peur […]
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Jaurès, Jacques Brel.